Chapitre 4 : Questions Religieuses en France au XVIIe siècle
La dimension religieuse est omniprésente en ce siècle car tout phénomène culturel est bercé dans la religion. On estime que les ouvrages religieux représentaient un tiers de la production des livres au début du siècle et plus de la moitié après la Contre Réforme. Le clergé est riche, grâce à la dîme, mais aussi aux héritages, et il a lié son sort à celui de la monarchie.
Les français étaient dans une démarche de ferveur au quotidien, chaque action étant vu au travers de la religion, cela résulte d’une démarche poussée de l’Eglise.
I) Superstitions et Sorcelleries
A) Superstitions vivaces
La société est chrétienne du fait du baptême systématique des nouveaux nés, mais elle n’est pas totalement baignée dans cette religion car il subsiste des croyances anciennes et des pratiques éloignées du christianisme. Les théologiens du XVIIème constatent que cela ne concerne pas uniquement les campagnes et le monde populaire.
Une superstition est une croyance considérée comme déviante ou, plus grave, comme une erreur et considérée comme tel par les autorités religieuses.
D’où le travail d’identification de ces pratiques pour mieux lutter contre celle-ci, par une pédagogie parfois violente et parfois par l’envoi de missionnaires. C’est l’acculturation par les dogmes, c’est-à-dire l’affirmation de la supériorité du christianisme en tout circonstance face aux subsistances païennes et à la magie.
C’est ainsi que l’on modifiera, voir supprimera les pèlerinages et les processions n’ayant pas de justification religieuse. Exemple : plonger dans des eaux sacrées, caresser des statues, allumer les feux de la Saint-Jean (survivance du solstice d’été), pratique des envoûtements, des mauvais sorts, ou encore le nouage d’aiguillette (mauvais sort lancé pendant un mariage en nouant une corde autour d’un bâton pour qu’il ne soit pas fertile).
B) La Sorcellerie réprimée
Le XVIIème siècle est le dernier siècle de répressions, mais il s’agit des plus sévères. On faisait appel aux guérisseurs car on croyait à la magie, mais la simple référence à la magie pouvait être considéré comme de la sorcellerie.
Il existait une sorcellerie « moins » grave : la magie noire, l’envoûtement notamment à l’aide d’une figurine en cire, d’un cheveu (ou d’une rognure d’ongle) et d’une aiguille. Il fallait alors faire appel à un désenvoûteur (magie blanche, de la « bonne » sorcellerie).
Il existait aussi une sorcellerie très grave, la croyance au Diable, le culte de Satan. L’Eglise a formé des démonologues pour identifier le rapport à Satan et afin de savoir s’il y avait culte maléfique. Le Malleus Maleficarum, de Sprenger et Institutaris, permet d’apprendre à repérer les marques sataniques repérées sur le corps.
On recherchait à trouver la pratique du Sabbat, les nuits nocturnes avec le Diable, qui signifie que l’on souhaite inverser l’ordre voulu par Dieu.
La Justice royale absorbera la sorcellerie comme cause de répression judiciaire à son tour dans la première moitié du XVIIème siècle avec l’intervention des magistrats, comme c’est le cas de Pierre de Lancre (1710-1712) qui usa de torture et conduisit au bûcher une centaine de personnes, notamment des femmes.
C’est en 1580 que la répression débute, et c’est dans la période 1630-1680 que la répression chutera.
La vague de répression se fait surtout dans les campagnes, car les juges sont des citadins et ils supposent que les ruraux sont ignares et réceptifs à la sorcellerie. 95% des personnes persécutées sont des femmes, surtout âgées de plus de 50 ans en raison de l’image de la sorcière laide. C’est un temps de forte misogynie, les « femelles » seraient plus faibles avec une « intelligence moindre, imbécile » (dans le sens de faiblesse physique) et d’une « sensualité insatiable ». C’est le fantasme des juges que de voir la relation partout la relation entre sorcière et Diable.
On observe que géographiquement, cette répression touche des zones périphériques du royaume, comme la Guyenne, la France Comté et le Cambraisis.
C) L’emblématique affaire des poisons en 1679
Au début l’on traque Mme Montvoisin (La Voisin) réputée dans la haute société comme fournisseuse de potions aphrodisiaques mais également de poisons. C’est tout d’abord une affaire de simple police mais après des interrogatoires brutaux sur elle et ses clients, on découvre des crimes horribles ainsi que des messes noires. Louis XIV crée une chambre spéciale qui agira jusqu’en 1682, avec 482 prévenus, dont 36 condamnations à mort. Des proches du roi sont impliqués comme Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, Marquise de Montespan, maîtresse du roi. Elle était soupçonnée d’avoir fait égorgé des nouveaux nés sur son corps dénudé afin de plaire au roi.
II) Les Minorités religieuses
A) Les Juifs.
Il existait une communauté importante à Avignon, où le Pape acceptait leur présence, ils étaient tolérés en France mais relégués dans des carrières d’où ils ne pouvaient sortir sans un chapeau jaune. Ils pouvaient se livrer cependant aux activités économiques, ce qu’ils firent notamment dans la Midi où se trouvait majoritairement la Communauté d’Avignon, la plus grande de France.
Des Communauté étrangères existaient également, notamment dans les ports Atlantiques, comme Bayonne, Bordeaux, Nantes et Rouen, notamment les Marranes, sépharades d’origine portugaise chassé de ce dernier pays par la politique ibérique de « pureté du sang », ils sont extrêmement cultivés et ont fait appel à ceux-ci comme médecins.
Il y avait également la Communauté Ashkénaze à Metz, suite à l’annexion des Trois évêchés, extrêmement réputés, en 1657 Louis XIV leur rendra même visite. A la fin du XVIIème cette communauté, surtout alsacienne deviendra la plus grande communauté juive suite aux diverses annexions à l’est.
B) La Religion Prétendument Réformée (RPR)
Il existe un million de protestant suite à l’Edit de Nantes, soit un vingtième de la population, mais cela ne cessera guère de chuter, il n’y a plus que 750 milles protestant quand Louis XIV arrive au pouvoir et moins de 700 milles lors de la révocation de l’Edit de Nantes.
Cela s’explique par la conversion des élites afin de regagner une place au sein de la société, par les lourdes pertes humaines au siège de la Rochelle, par l’édit de Grâce d’Alès en 1629 où les protestants perdent leurs privilèges politiques, militaires et territoriaux et enfin par la politique répressive de Louis XIV.
Il s’agit de 2 à 3% de la population, notamment dans le croissant réformé s’étendant du Poitou au Lac Léman, avec une forte cohésion d’où la guerre des camisards sous Louis XIV.
C) Les libertins
Si cela débute au XVIIème siècle, c’est surtout au XVIIIème siècle que les libertins prennent de l’importance, ils sont extrêmement isolés. Ceux-ci sont critiques à l’encontre de la religion et certains expriment un début d’athéisme. Afin de les dévaloriser, on considère qu’ils n’ont pas de bon raisonnement à cause de l’alcool et de leur sexualité, d’où le terme de libertins.
Ils commencent à défendre l’athéisme et la libre pensée au milieu du siècle, mais il s’en suit un cycle de répression et à la fin du siècle certains seront même conduits au bûcher, provoquant la chute de ce mouvement, il faut donc attendre la régence, au début du XVIIIème siècle pour qu’ils s’expriment de nouveau.
III) La Réforme Catholique à la française
La France c’est tout d’abord opposée à la publication des décrets du Concile de Trente sur son territoire en raison de la doctrine gallicane. Il faut donc attendre 1615 pour que les décrets du Concile de Trente soient considérées comme des doctrines acquises au sein de l’Eglise de France, grâce à l’action de Grands Prélats, comme Pierre de Bérulle qui, de part leur idéologie de dévot, développèrent des idées favorables au Pape et à l’Espagne.
Il faut noter également que le Catholicisme tridentin peut également être une forme d’opposition à la politique des ministres et de Richelieu.
A) La Réforme des Ordres réguliers
C’est un siècle de développement monastique dont les ordres les plus anciens, comme les franciscains, les dominicains et les carmélites, sont à la pointe, en effet les anciens ordres mendiants sont les premiers agents de la Réforme Catholique et ils influèrent les ordres nouveaux comme les Cordeliers, les Capucins et les Récollets. Les ordres anciens s’illustreront lors des épidémies et seront ainsi considérés comme des saints par leurs contemporains, les ordres nouveaux eux s’illustrèrent par des Missions dans les régions difficiles où le protestantisme était développé, comme dans le Poitou.
Les dominicains quant à eux sont également un vecteur de l’enseignement.
A partir de 1615, il y aura beaucoup de congrégations nouvelles qui se formeront, mais c’est sur l’ordre plus ancien des Jésuites qu’il faut porter son attention, chassé du royaume à la fin du XVIème siècle, ils seront en effet rappelé en 1603 sous l’impulsion de la Reine. S’ils ne sont alors moins d’une centaine, dès 1625 ils seront plus de 20 000.
Une cinquantaine de collèges seront construit par ceux-ci, ils deviendront des établissement de prestiges en raison de la pédagogie obligeante et novatrice (ex : les langues étrangères).
Le mysticisme est d’inspiration espagnole, le rapport à la prière est très exigeant et l’on note l’apparition de stigmates sanglants, mais également de l’extase. Le mysticisme n’est pas le propre du christianisme et on le retrouve en d’autres religions comme l’islam.
Les congrégations féminines sont les plus sensibles au mysticisme, le manuel de Thérèse d’Avila sera ainsi traduit en français en 1620.
L’influence de cette idéologie se ressentira sur les visitandines, les ursulines et les carmélites.
La France se couvre alors de bâtiments ecclésiastiques, alors que cela n’avait que fort peu évolué depuis le Moyen Age, en 60 ans, 25 établissements seront construits à Lille.
Le courant mystique ne sera pas sans conséquences sur les communautés, beaucoup de communautés féminines sont ainsi touchées par des dérives démoniaque. En 1609, Aix en Provence, 1613, Lille, 1643 l’Affaire de Louviers et en 1632-34 l’Affaire des possédées de Loudun.
Dans cette dernière, il s’agit d’une communauté ursuline récente avec de jeunes moniales (18 à 30 ans) qui sera très vite dénoncée et considérée possédée par le Démon. L’exorcisme sera tenté sans succès, un interrogatoire aura donc lieu et plusieurs ursulines désignent le prêtre de la communauté, Urbain Grandier, comme responsable.
Les autorités constateront que celui-ci s’intéresse de prêt à ses paroissiennes, l’Affaire remonte jusqu’à Richelieu qui fera condamné Urbain Grandier, il sera mis au bûcher en 1634.
Les convulsions des moniales se poursuivront néanmoins, devant un public de plus en plus nombreux qui se rendra là-bas pour y assister.
L’Archevêque de Bordeaux fera donc appel aux meilleurs médecins, ceux-ci déclareront finalement qu’il n’y a pas de possession démoniaque, mais qu’en réalité le fait d’être enfermées, dans un mysticisme contraignant, avait provoqué une névrose mentale.
B) La reprise en mains des séculiers et des fidèles
Les Séculiers
Beaucoup de prêtres sont ignorants, ne connaissent pas le latin, les dogmes principaux, ne savent pas argumenter, vivent comme leurs paroissiens et donc ne se distinguent pas, c’est se que révèle les enquêtes de l’Eglise. La Réforme introduit donc l’instruction des séculiers, il faut « exalter l’état de la prêtrise », leur donner un état de culture qu’ils n’ont pas, la tâche est donc immense.
Pierre de Bérulle fera créer l’Oratoire de France en 1613 en se basant sur le modèle romain, peu à peu sera créé des oratoires provinciaux et la formation s’améliorera. La hausse du niveau intellectuel permettra également de développer de nouveaux collèges.
Il y aura un conflit entre les Oratoriens et les Jésuites, une compétition visant à être les meilleurs éducateurs de France, les prélats n’interviendront pas pour contrer cette "concurrence", jugeant qu’elle permettra ainsi de faire hausser le niveau culturel.
En 1628 Vincent de Paul, aumônier général des Galères, ordonnera de mettre en place une instruction encore plus exigeante pour les milieux pauvres. Mystique, il est à l’origine des Conférence de Saint-Lazare favorables à la formation des milieux populaires, entraînant ainsi en 1642, l’enseignement des enfants pauvres destinés à la prêtrise.
C’est également dans le but de hausser les connaissances des prêtres parisiens que Jean Jacques Oliers organisera un séminaire.
En se développant, la Contre-Réforme produira le modèle du bon prêtre qui réside au sein de sa paroisse, qui se distingue de ses paroissiens par sa tonsure, sa propreté, sa culture et par le port de la soutane.
La grande période de construction de séminaires est de 1640 à 1660.
Les Fidèles
L’enseignement du clergé séculier permet désormais de se concentrer sur les fidèles à qui l’ont donnera des cadres qui deviendront des automatismes :
- la confession devient obligatoire au moins une fois par an
- il ne faut plus lire directement la Bible, afin d’éviter les lectures erronées, populaires, ou protestantes
- le serment dominicain prend désormais en importance
Une littérature d’oraison se développe dans la haute société notamment, elle promeut des pratiques exigeantes. François de Sales publie ainsi en 1609 l’Initiation à la vie dévote, il y a des chapitres pour hommes et d’autres pour femmes. Pour ces dernières il incite à aider les pauvres et à faire preuve d’œuvre de charité. D’où la création par Louise de Mariac de la Congrégation des filles de la Charité lorsqu’on s’apercevra que les femmes aisées répugnent le contact.
On réoriente les flux financiers vers ces mêmes œuvres de charité.
On observe la création de nombreuses congrégations à cette époque, dont celle, secrète, de la Compagnie du Saint-Sacrement en 1629 qui donnera naissance au parti dévot. Elle est très exigeante sur l’action pieuse et intransigeante sur le sujet de la transsubstantiation (présence réelle du Christ dans l’eucharistie) en opposition directe avec le protestantisme.
Elle touchera bientôt la plupart des grandes villes françaises, elle recrute particulièrement parmi les prêtres, les notables ainsi que ceux ayant reçus une éducation chez les Jésuites ou les Oratoriens.
Ils sont favorables à une entraide spirituelle, qu’il s’agisse de prières pour son voisin ou d’accompagner les défunts –également par des prières-.
Ils surveilleront particulièrement les déviances et dénoncerons celles-ci, c’est une chasse aux blasphémateurs, aux duellistes, une lutte contre les protestants et les libertins, c’est un véritable harcèlement des déviants.
Des Missions d’évangélisations sont organisées, pour les régions où le christianisme n’est pas jugé assez vaillant, il s’agit de processions, de chants, …
La Dévotion, il existe des saints qui sont des intercesseurs légitimes, contrairement aux idées protestantes, ils affirment qu’il en existe qui le sont encore davantage comme la Vierge, Marie-Madelaine, Saint-Pierre ou encore Saint-Joseph.
Le Concile de Trente confirme que les Œuvres sont licites car il s’agit d’un moyen de rassurer les fidèles, d’atténuer leurs angoisses, cela s’exprime notamment par l’achat d’indulgences plénières qui sont censées raccourcir la durée que l’on passe au purgatoire.
La pédagogie de la Réforme Catholique est rude, la méthodologie employée est celle de la peur, peur de la mort, peur de la damnation et de l’enfer, ce qui se traduit par les testaments et par la préparation à la mort « ars moriendi », l’art de bien mourir, avec une théâtralisation de la mort, l’agonie devient publique, on observe un renouveau de la liturgie funèbre avec les pompes baroques (qui deviendront nos actuelles pompes funèbres) ou encore le cérémoniale de conduite au cimetière.
Le clergé français a exporté ses méthodes, notamment dans ses colonies, en effet les Jésuites s’installent en 1613 en Acadie et en 1625 au Canada. Il existe quelques succès de conversions chez les tribus indiennes, comme les Hurons et les Alconquins, mais la nation Iroquoise refusera toute conversion, ce qui entraînera de 1642 à 1649 les guerres indiennes, avec des martyrs jésuites.
IV) Les Débats théologiques du XVIIème siècle
Les questions de l’accès au Salut Eternel, de la Grâce Divine et du Libre Arbitre de l’Homme demeureront au cœur des débats théologiques de ce siècle ; chez les Protestants en effet le débat porte sur la prise en compte de la pensée de Saint Augustin, c’est une vision pessimiste, en défiance vis-à-vis de l’optimisme humaniste, comme celui d’Erasme.
Pour les protestants en effet il n’y a pas de libre-arbitre et seule la Grâce Divine est efficace, mais elle n’est pas donnée à tous, d’où les débats sur la prédestination (« suis-je élu ? »)
Les Catholiques au contraire cherchent à préserver une part de liberté pour l’Homme, il existe toujours une lueur d’espoir, les Jésuites ont eut un rôle déterminant dans cette vision, notamment l’Espagnol Luis Molina qui est à l’origine du Molinisme, qui cherchait une voie médiane entre le laxisme humaniste et le radicalisme protestant, c’est une doctrine d’accommodement, Dieu accorde à tous les individus la « Grâce suffisante », c’est à soi, en tant qu’Homme que l’on doit son salut, par son action l’Homme peut transformer la Grâce suffisante en « Grâce Efficace ».
Cette pensée influencera également les Calvinistes, notamment dans les Pays Bas où Arminius (s’inspirant du molinisme, l’Homme ayant une part dans son salut) et Gomar s’opposent (la Grâce Divine est irrésistible).
Ce débat gagnera la communauté protestante en France, mais bien vite les calvinistes français seront gomaristes dès les années 1620 sous l’influence de prédicateurs étrangers, notamment écossais.
L’héritage théologique de Saint Augustin reprend une extrême vitalité vers 1640 avec la publication posthume de l’Augustinus de l’évêque de Ypres et professeur à l’Université de Louvain, Cornélius Otto Jansen (mort en 1638) qui provoquera un véritable séisme théologique.
Selon lui, le libre-arbitre de l’Homme n’existe pas, seule la Grâce Divine est efficace pour le Salut, et seuls les prédestinés seront sauvés ; c’est la naissance du Jansénisme.
Jansen a déjà séjourné en France, il est connu par les théologiens et se liera d’amitié avec Jean Amboise Duverger de Hauranne, supérieur de l’Abbaye de Saint-Cyran a également écrit sur Saint Augustin après la visite de Jansen. Un élève de l’abbé de Saint-Cyran, Antoine Arnauld, développera une thèse à la Sorbonne dont il enverra une copie à Jansen, influençant ainsi celui-ci dans sa rédaction de l’Augustinus.
Saint-Cyran deviendra le confesseur de la communauté de religieuses à Port-Royal où la Mère Supérieure n’est autre qu’Angélique Arnauld (sœur d’Antoine). L’abbaye de Port-Royal deviendra un lieu prisé pour les débats mais également pour accomplir une retraite spirituelle.
En 1643, Antoine Arnauld publie De la Fréquente Communion, où il y oppose deux conceptions du catholicisme par rapport aux sacrements, les théories Molinistes aux théories Jansénistes. Il dénoncera la Casuistique, cette réflexion spirituelle des Jésuites qui avaient trouvé des accommodements à la morale, cet art consommé de lire la frontière entre le bien et le mal, le permis et l’interdit selon les circonstances.
Arnauld s’attaque également au Molinisme, selon lui, en toute circonstances, avant même de se confesser, il faut s’exiger à soi même une réelle repentance.
Il s’agit de l’opposition entre la Contrition (reconnaissance de sa faute et repentance) défendue par les Jansénistes et l’Attrition (regret exprimé par crainte de l’Enfer) que tolèrent les Jésuites.
En 1653, une bulle papale condamne cinq points notables du Jansénisme, tous les ecclésiastiques du royaume sont donc conviés à signer un formulaire condamnant le Jansénisme, ce qui ne sera pas le cas, les ecclésiastiques Jansénistes refusant de s’y plier.
Antoine Arnauld sera chassé de la Sorbonne.
Au sortir de la fronde, les idées augustiniennes reprennent du poil de la bête. Blaise Pascal par exemple rejoindra les Jansénistes, en 1656 il publiera Les Provinciales, où il y critique les Jésuites ainsi que l’opposition de ces derniers vis-à-vis du Jansénisme.
Le Pape Clément IX imposera ce que l’on nomme « Paix clémentine », ou « Paix de l’Eglise », texte ramenant le calme dans l’Eglise Catholique Romaine pour une période relativement longue d’une trentaine d’année.
Le Jansénisme continue de séduire les milieux aisés et cultivés, c’est à cette époque que Racine, proche du Jansénisme, remporte de nombreux succès.
Comment c’est achevé la Réforme Catholique en France ?
L’apogée de la Réforme se situe au milieu du siècle, dans les années 1660. L’enseignement des prêtres est fonctionnel et régulièrement ceux-ci sont encadrés. Le rythme de construction des séminaires c’est accéléré, d’une trentaine de séminaires construit entre 1640 et 1660, il y en a plus d’une centaine de 1660 à 1680, mais après cette date le rythme décélérera pour qu’il n’y en ait plus qu’une dizaine au XVIIIème siècle, 90% des 130 diocèses français ayant déjà un séminaire.
L’achat de livres est désormais obligatoire pour les prêtres qui seront ainsi plus cultivés, ils devront également se retirer quelque temps dans une retraite spirituelle au cours de leur vie.
En contrepartie la portion congrue de la dîme (qui est la forme de « salaire » des prêtres) est augmentée et s’élève en 1686 à 300 livres.
Tous ces efforts ont totalement modifié la morale du clergé et les inconduites sont désormais plus rares. On constate un enracinement de cet encadrement, tout le monde va à la messe régulièrement, la Paque devient universelle.
En conclusion, les spécialistes estiment qu’il faut ranger comme succès du Concile de Trente :
- la pratique des dévotions (le Culte de la Vierge notamment)
- le développement des inscriptions religieuses dans les testaments
- l’important développement des confréries
- le baroque qui s’instaure comme style architectural pour les Eglises
- la charte de moralité et les interdits (condamnation des veillées, interdits sexuels, qu’il s’agisse de positions, de l’inceste, de la « sodomie » (homosexualité), de la « bestialité » (zoophilie), l’adultère et les relations hors mariage).
On constate néanmoins une divergence selon les régions, très respectés dans le nord du royaume (3% de déviances) et à l’ouest (4%), ils le sont moins dans les régions méditerranéennes (8%).
Travail remarquable. Exhaustif et solidement documenté. D'une aide précieuse. Merci infiniment.