Chapitre II : l’Acropole à l’époque archaïque
Selon la tradition, Cécrops serait le fondateur de la ville d’Athènes, et est le premier roi légendaire de l’Attique, il est régulièrement confondu avec Cécrops, fils d’Erechthée, qui est le 7e roi légendaire d’Athènes. Cécrops, ainsi que sa fille Pandrose se seraient sacrifiés pour protéger Athènes.
Les cultes peuvent se matérialiser autour d’un point précis, tel que l’olivier sacré pour Athéna, ou encore la source d’eau salée que Poséidon créa à Athènes.
Il existe au moins un prêtre, ou une prêtresse pour chaque culte.
Mais les Guerres Médiques provoquent une stagnation de la ville, qui ne connaît alors plus d’édifications majeures jusqu’à la fin de ces guerres.
A l’époque archaïque, deux grandes tendances politiques semblent se distinguer en Grèce :
* La colonisation, mouvement tourné vers l’extérieur, car à cette époque, il y avait une forte croissance démographique alors qu’il n’y avait pas assez de terre. C’est ainsi que l’Anatolie, Rhodes, le pourtour de la Mer Noire, la Cyrénaïque, la Grande Grèce et Marseille furent colonisés. Cependant, du fait que l’Attique était une région assez productive sans doute, Athènes ne participa pas à ce mouvement
* La tyrannie. En effet, les oligarchies qui ont remplacé les royaumes connaissent alors une crise profonde, car les pauvres devenaient encore plus pauvres, et, ne pouvant payer leurs dettes, devenaient automatiquement esclaves. Il n’y avait donc plus assez de citoyens afin d’assurer la sécurité de la cité. C’est pourquoi deux archontes seront élus. L’Aréopage élit en premier Dracon pour qu’il rédige un nouveau code juridique très strict. Vu l’échec, l’Aréopage élit Solon pour qu’il établisse une nouvelle constitution, ce qu’il fait en -564. Il interdit l’esclavage pour dette, distribue des terres afin que ces derniers puissent subvenir à leurs besoins et fait promettre aux athéniens de ne pas revenir sur ses lois en son absence avant de s’exiler dix ans pour qu’ils respectent leur promesse.
Viennent alors à la tête des cités grecques, des Tyrans. A Athènes, il s’agit de Pisistrate, en l’an -561, jusqu’à ce qu’il meurt en -527 où il désigne ses fils, les Pisistratides, Hippias et Hipparques, pour lui succéder. Les tyrans font de grands travaux, d’une part afin de donner du travail à ceux qui n’en ont pas, d’autre part afin d’augmenter le prestige de la cité. Comme par exemple des travaux de voiries (fontaines) ou encore le temple de Zeus Olympien édifié en dehors de la cité.
C’est sur l’Acropole que les principaux aménagements sont édifiés, principalement au VIème siècle avant notre ère, ainsi, Pisistrate construit une entrée monumentale à l’Acropole, que l’on nommera Propylée de Pisistrate.
De même le sanctuaire d’Athéna Pallas (c-à-d protectrice de la cité) est édifié sur le Palais Mycénien, visiblement au VIème siècle avant notre ère, il possède un plan relativement complexe car ce temple est censé abriter plusieurs divinités.
La pièce principale, ouverte vers l’est, était dédiée à Athéna. Les autres pièces, ouvertes vers l’ouest, étaient dédiées à Poséidon et aux héros athéniens.
Ses fondations étaient en bloc de pierre et l’élévation en brique crue, peut être y avait il du chaumage (de chaume), ainsi que des colonnes de bois. Les frontons étaient recouverts de calcaire, alors que le toit était en tuile coloré. Il reste encore de nos jours quelques chapiteaux de pierre qui remplacent ceux de bois. Le long du toit, il y avait un revêtement d’argile peint.
A la fin du VIème siècle (fin de l’époque archaïque), les athéniens décident de construire un deuxième temple plus important pour Athéna, mais les guerres médiques empêchèrent la réalisation de ce projet qui fut intégralement remanié pour devenir le Parthénon. Sa particularité était de posséder deux pièces, l’une pour la Déesse, Athéna, l’autre pour les jeunes filles (d’où le nom de la pièce « Parthénon », local des vierges).
Le trésor, bâtiment où étaient déposées les offrandes fragiles ou de grandes valeurs, ce bâtiment en lui-même était une offrande aux Dieux. C’est ainsi que Sifnos, île de la Mer Egée, afin de remercier les Dieux de la découverte de mines d’argent sur leur île, fondèrent un trésor, l’un des premiers bâtiments entièrement en marbre. Sur le style Ionien, sa frise était intégralement décorée (frise ionique) et les colonnes étaient remplacées par des Caryatides, c’est-à-dire des statues de jeunes filles destinées à jouer le rôle des colonnes.
La frise est en ronde-bosse et se poursuit sur les quatre cotés du trésor. Sur le coté nord est représenté la gigantomachie, c’est-à-dire l’histoire de l’attaque des Géants sur l’Olympe contre les Dieux. Les vaincus regardent toujours vers la gauche, même lorsqu’ils fuient vers la droite, et se sont les vainqueurs qui regardent toujours vers la droite, comme s’il s’agissait d’une convention.
Sur le côté est, est représenté d’un côté la guerre de Troie, de l’autre une Assemblée des Dieux qui assisteraient à cette guerre, et débattraient à ce sujet.
Le trésor de Sicyone quant à lui était de type dorique, c’est-à-dire que la frise n’était pas continue, les métopes, où étaient représentées des scènes, à peu près carrés, étaient séparés entre eux par des triglyphes.
Aux divinités, l’on peut offrir également des statues, à l’époque archaïque on distingue deux types de statues :
- les Couros, statue masculine, inspirée de l’Egypte, où est représenté un jeune homme, debout, nu ou presque, les bras accolés le long de son corps et ses pieds sur la même ligne, ou l’un légèrement avancé par rapport à l’autre. Il possède toujours une coiffure d’apparat. Les genoux sont particulièrement soignés car, selon les grecs, c’est à cet endroit que se trouverait la force.
- les Corés, statues féminines, parfois assises, elles sont le plus souvent debout. Elles représentent toujours des jeunes filles et ces dernières sont donc habillées. L’un des bras est toujours collé le long du corps, mais le second est soit apposé contre la poitrine, en signe de prière, soit tendu, si elle tend une offrande. Elles possèdent également une coiffure d’apparat avec toujours deux ou trois pièces qui reviennent devant les épaules même si la plus grande partie de la coiffure reste dans le dos.
L’Agora était au départ un espace libre où les citoyens pouvaient discuter entre eux, mais petit à petit de nouvelles fonctions vinrent s’ajouter à cette fonction première. On parle déjà de l’Agora dans les poèmes homériques, mais c’est à partir de la fin du VIème siècle, à la chute des Pisistratides, en effet en -514, l’un des fils de Pisistrate, Hipparque est assassiné se qui provoque de la part de son frère Hippias, un durcissement du régime ce qui fini par irriter les Athéniens qui le chassent de la cité pour installer la démocratie. L’Agora devient ainsi le symbole de la démocratie athénienne.
La première fonction de l’Agora est la fonction théâtrale
Elle est traversée par la grande voie sacrée. Les limites de l’Agora sont marquées par des bornes. Thespis, l’inventeur plus ou moins légendaire de la tragédie, il est souvent représenté sur son chariot. A partir de 534 Pisistrate met en place une cérémonie en l’honneur de Dionysos. Ce dernier est souvent représenter accompagné de satyre (mi-homme, mi-bouc).
Au début du Vème siècle, les gradins s’effondrent et la fonction théâtrale est donc déplacée sur le flanc sud de l’acropole où l’on établit une piste, l’orchestra, littéralement « piste de danse ». Le chœur récite sa partie en tournant, d’où le nom de strophe qui signifie tourner en grec. Ce premier orchestra devait faire 27 m, au centre un autel était dédié à Dionysos et il y avait également un piédestal afin que ce dernier puisse assister aux premières loges aux représentations. Non loin de là se trouve le temple de Dionysos séleutereus.
A l’origine, le mot théâtre ne désignait que le lieu depuis lequel l’on regarde la pièce, mais la signification fut élargie à l’ensemble du lieu. A la même époque, l’Attique comptait deux autres théâtres et c’est également au début du Vème siècle que datent les sièges en pierre. A Athènes même fut édifié un deuxième théâtre, le théâtre du lénayone.
Au départ, le théâtre dérive de manifestations populaires, désorganisées, en l’honneur de Dionysos, avant de commencer à s’organiser à partir du Vème siècle. C’est pour cela qu’au début un hymne en l’honneur des Dieux est chanté par un chœur d’homme déguisé en satyre.
Des festivals où l’on fait concourir plusieurs poètes sont organisés, l’archonte-roi, qui a hérité des pouvoirs religieux de l’ancien roi, est l’organisateur de ces festivals, il attribue une troupe à chaque poète. Un chorège est un citoyen riche qui est dans l’obligation de financer une troupe (que ce soit pour leur costume, ou les décors), comme s’il s’agissait d’un impôt sur la fortune. Si leur troupe gagnait, il gagnait un treppier et pouvait ériger un monument pour ce dernier.
Au IVème siècle, il y a un fond spécial pour les citoyens ne pouvant pas se permettre d’aller une journée au théâtre.
La deuxième fonction de l’Agora est la fonction commerciale …
… en effet des marchés s’installent en son sein et des magistrats veillent à la régularité des marchés à partir du début de la démocratie, l’agoranome en effet est chargé du maintien de l’ordre dans les marchés, le métronome lui était chargé de s’assurer de la régularité des transaction.
Lorsque l’on venait d’une autre cité il fallait changer sa monnaie, monnaies qui étaient basées sur le poids.
L’obole pèse 0.72 grammes, la drachme vaut 6 oboles, la mine 100 drachmes et le talent 60 mines.
Les monnaies de bronze étaient le chalque et le dichalque, d’argent étaient l’hémiobole, l’obole, la diobole, la tetrobole, la drachme, la didrachme et la tétradrachme, le statère d’or étant une monnaie d’or.
Sur l’agora était également conservées des mesures, comme l’étalon, qui étaient les mêmes dans la Grèce Continentale à l’exception du Péloponnèse.
La troisième fonction de l’Agora est la fonction religieuse
En effet, dans l’Antiquité, toute activité était plus ou moins liée à la religion, ainsi à l’époque archaïque on pouvait trouver plusieurs bâtiments de taille modeste comme un petit sanctuaire triangulaire pour Hécate ou encore le sanctuaire des douze Dieux. On trouvait également sur l’agora différents autels dont l’un était pour Aphrodite.
Dès l’époque archaïque on installe des fontaines, principalement au nord est de l’Agora, c’est le cas de l’Ennéacrounos, littéralement, « fontaine aux neuf sources » qui était alimentée par de nombreuses canalisations.
L’avant dernière fonction de l’Agora est la fonction politique
A partir de l’arrivée de la démocratie en effet les citoyens discutent entre eux. C’est en effet à l’Agora où sont affichés sur des tableaux de bois, apposés sur le bâtiment des héros éponymes, les lois athéniennes afin que nul citoyen ne puisse ignorer la loi.
Le dème est une circonscription politique, répartie sur tout le territoire athénien qu’il s’agisse d’une zone urbaine, littorale ou mésogée (au milieu des terres). Il fallait un dème de chacune de ces zones (c’est-à-dire trois en tout) pour former une trittye et dix trittyes formaient une tribu qui étaient elles-mêmes au nombre de dix, chacune portait le nom de l’un des dix héros éponymes qui furent choisies par la Pythie de Delphes parmi une liste qui lui avait été présentée.
Ces dix héros étaient représentés par des statues dans l’agora et c’est sur les poteaux autours de ces statues que furent apposées les lois.
Il y avait de même un monument très important pour la démocratie, le monument aux tyrannoctones, en l’honneur des deux assassins de l’un des deux Pisistratides. Anténor est l’auteur de ces deux premières statues de bronze, mais lors des guerres médiques, avant la bataille de Salamine, le roi des Perses emporte le monument comme butin en 480, mais bien vite, en -477, un second monument est érigé par Critios et Nésiotès pour le remplacer.
Comme bien d’autres, ces statues furent imitées par les romains qui préférèrent néanmoins l’utilisation de la pierre qui leur était plus familière, et préférèrent les copier séparément.
Le prix des jeux panathénaïque était l’huile des oliviers sacrés.
C’est sur l’agora également que fut édifié le Bouleutérion, bâtiment prenant la forme d’un amphithéâtre où se réunissait la Boulè, assemblée restreinte de citoyen, il s’agit du pouvoir législatif. L’ancien Bouleutérion, le Métrôon, fut fondé en -500 mais pour des raisons inconnues un second fut édifié vers -415.
Fut également édifié le Prytanée, ce bâtiment est le foyer et la maison de la cité-État, où se trouve le feu sacré qui ne s'éteint jamais. Symbole de la permanence de la cité, consacré à Hestia, déesse du foyer, de la maison et de la famille, le Prytanée en est le cœur symbolique et politique : les magistrats y siègent, on y reçoit les honneurs publiques et les ambassadeurs, on y prend le feu pour fonder des colonies (et leur Prytanée), on y fait les sacrifices et offrandes aux dieux de la cité. À Athènes, le Prytanée se confond avec le Tholos, bâtiment circulaire de l'Agora. Les élus des tribus d'Athènes qui assurent la présidence de la Boulè, les prytaneis, siègent et travaillent au Tholos. Ils y prennent aussi leur repas, offert par l'État, avec les citoyens « honorés » par la cité. C’est également ici que sont accueillis les pupilles, orphelins dont la responsabilité appartient à l’état. C’est le pouvoir exécutif, il s’agit d’une commission permanente dont une partie doit y rester de nuit afin d’être constamment joignable.
Ce bâtiment fut incendié lors des guerres médiques.
La dernière fonction de l’Agora est la fonction judiciaire
Les procès pour meurtre étaient jugés sur l’Aréopage, colline d’Arès à l’ouest de l’Acropole qui donna son nom au conseil qui s’y réunit. Les autres procès étaient jugés dans l’Agora, les jurés étaient tirés au sort parmi les citoyens et pouvaient s’élevait d’un nombre compris entre 201 et 2501 jurés selon l’importance du procès. Les temps de paroles étaient équitables et étaient comptabilisés à l’aide d’une clepsydre. Si l’accusé devait se défendre lui-même, chaque citoyen pouvait être l’accusateur si la victime était l’Etat.
Un vote pouvait également avoir lieu à l’encontre d’une personne jugée comme dangereux pour la sûreté de l’Etat, on appelle cela l’ostracisme.